samedi 8 septembre 2012

"Partir, c'est mourir un peu".

C'est devant une porte d'embarquement que tout commence. 

L'Écosse. Depuis le 13 février, j'aime ce pays sans même le connaitre. Préparer sa troisième année à l'étranger, c'est se projeter sans cesse dans un environnement encore inconnu. C'est s'imaginer déjà arpentant des rues, organiser ses sorties, prendre contact avec ses futures colocs, tout ça à 1226km de distance. C'est donc ce que j'ai fait: je connais la liste des clichés que nous, chers français, avons sur l'Écosse. Je promets d'en vérifier le plus possible; je sais que Kate va avoir un bébé, enfin peut-être, on n'est pas sur, mais on l'attend; j'ai acheté des bottes de pluie; j'ai imaginé la déco de ma chambre, sans avoir aucune idée de la disposition de la pièce; j'ai défendu par monts et par vaux la météo écossaise; je me suis initiée à l'art du whisky, mais avec une très grande modération naturellement ...

Mais surtout, j'ai affronté la réaction des autres, une réaction où se mêle de nombreux sentiments facilement identifiables. "Tu pars en Ecosse ? (Premier degré: l'étonnement) Mais on t'a forcée ? (Second degré: la panique) Ah bon tu veux vraiment aller là-bas ? (Troisième degré: l'inquiétante incompréhension, qui signifie plutôt "Es-tu normalement constituée ?") J'espère que tu aimes la pluie, les moutons et les kilts (Dernier degré: la compassion, ou même parfois la pitié). Quoiqu'il en soit, on s'habitue très vite aux remarques comme "Mademoiselle, vous partez au Pôle Nord ? (Non, en Ecosse) Ahhh c'est pareil alors !" Les vendeurs de chez Comptoirs des Cotonniers sont décidément bien fermés d'esprit. 

À ceux-là s'ajoutent la liste des personnes assez admiratives, comprenant que ce qu'il y a de plus beau en Écosse, ce sont justement ces grands espaces vides, ce temps mitigé et ces kilts, preuves que la tradition peut avoir encore un sens, et qu'il n'y a rien de mauvais à la respecter. Ce sont ceux qui ont saisi la beauté du silence quand le métro parisien prend un peu trop de place dans nos vies. 



C'est donc devant une porte d'embarquement que tout commence.

Après avoir rempli ma valise de choses tout à fait utiles comme des pulls, des bottes de pluies, des robes de soirée, des escarpins, des raquettes de badminton, un anti-stress Guiness, quatre-vingt cinq photos développées, une carte postale des vaches limousines, un verre à shot communiste, un bracelet princesse ... 

Après avoir fait mon dernier repas correct jusqu'à ce qu'un matin je me réveille avec le don de la cuisine, dégusté mon dernier morceau de bon fromage bien français et avoir regardé pour la dernière fois TLMVPSP (pour les initiés) ...

Après une heure et demie de vol, c'est avec joie que je vois enfin la fin du voyage, m'imaginant déjà poser enfin cette valise et ce sac beaucoup trop lourds. Avec détermination, mes compères Sciences Pistes et moi nous avançons vers le bus tant attendu. Installés confortablement, le chauffeur fait gronder le moteur, le départ est imminent ...

Ce fut bref mais intense. Une marche arrière, cinq mètres parcourus, et nous voilà en panne, sur le parking de l'aéroport.

Après cinq heures d'attentes et de trajet, soit cinq fois plus que le temps habituel, me voici enfin à destination. Here I am. 

Grégoire, finalement cet article est un peu pour toi. J'espère vraiment que tu reconnaitras ici, et saura apprécier !, ma chance légendaire. Paris, outre-Manche, même combat. 


C'est parti. Cheers !


2 commentaires:

  1. Chère AP,

    Cette introduction donne très envie de suivre tes péripéties écossaises ! Un texte tout en finesse et en ironie qui fait du bien aux yeux et au cerveau.

    J'espère que tu te remets de ton trajet houleux et que tu prends déjà tes marques dans ta nouvelle patrie.

    Je t'embrasse fort !
    (PS : Repère les beaux Highlanders, ou Lowlanders d'ailleurs, pour ta cousine :-D )

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  2. J'espère que tu trouveras plein de trèfles à quatre feuilles dans les parcs écossais, et que les journaux de ce pays ont plein de jeux de mots subtils dans leurs titres!

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