vendredi 21 septembre 2012

A.N.N.E(Hyphen)P.A.U.L.I.N.E

C'est donc enfin la rentrée, après ces quatre mois et quelques de vacances ! 

La Freshers' Week s'achevant, c'est toute la ville qui semble alors en ébullition. Certes, ici, il n'y a que trois rues principales, mais partout les étudiants fourmillent, se hâtant à leurs taches diverses. 
Pour ma part, c'est avec une certaine joie que je contemple mon emploi du temps. Une ... Deux ... Trois ... ah oui, cinq heures de cours par semaine pour ce semestre. "Ah, tu es en troisième année ? Mais il parait qu'il y a beaucoup beaucoup plus de travail !" Hum, ça doit être ça. 




Ici, tout est plus différent. Les cours magistraux comptent une vingtaine de personnes, les tutorats environ six. Mon cours d'histoire de l'art, relatant l'évolution de la représentation de l'école dans les arts en général (coucou maman !), ressemble plus à un vaste jeu qu'à un cours à proprement parler, et ce n'est pas pour me déplaire. Pour le premier tutorat, j'ai du faire un plan de mon lycée, et le décrire à mon prof émerveillé par les cinq blocs de béton que constituent mon regretté (ou pas) lycée Richelieu. Sur ces entrefaites, il nous annonce la première sortie de l'année, à Glasgow, dans trois semaines, pour "visiter un musée, la ville, se promener, et puis ce serait sympa si vous veniez écouter ma conférence à l'université de Glasgow". Je dis oui ! S'en suit le processus de validation de ce cours. En plus du portfolio retraçant nos souvenirs d'école, il faudra produire une réflexion sur une représentation de l'école au travers les médias de nos choix. Cela pourra donc aller de l'éducation dans les camps de concentration, à l'évolution de l'imagerie scolaire dans la BD. "Mais, s'il vous plait, juste une chose, évitez de me faire votre mémoire sur Harry Potter, il y a quelque chose de satanique dans Harry Potter". Bienvenue dans mon monde parallèle. 

Le cours de Sécurité Internationale me paraissait déjà un peu plus strict dans son contenu. Mercredi à 11h, me voilà devant "l'amphi" (je le répète, vingt chaises tout au plus), avec six autres personnes. "Il parait que le prof est super strict et sévère ... Ah oui j'ai entendu ça aussi, mais c'est parce qu'il est allemand je crois." D'accord. 11h15 ... Toujours personne. L'inquiétude commence à se faire sentir sur le  visage de mes collègues. L'un deux va voir le tableau récapitulatif des cours. "Vous n'allez pas le croire, le cours était à 10h en fait". Vent de panique: il faut aller s'excuser dans son bureau. Après les commentaires de mes petits camarades, je m'attendais à voir surgir un monstre de colère. Au contraire, un jeune professeur souriant nous explique qu'il se doutait qu'il y avait certainement eu un problème, que ce n'était pas grave, et qu'il pouvait nous faire un debriefing, là, maintenant, dans le couloir. 

Voici donc un aperçu des professeurs à St Andrews, certainement plus décontractés que certains professeurs parisiens. Je verrai bien ce que me réserve la suite ...



À part ça, je continue ma découverte des étudiants locaux ou internationaux. Tout le monde est gentil, intéressé et acceuillant. Ah, et tout le monde parle "un peu" français, ce qui me permet d'échanger très sommairement avec eu dans notre belle langue. Le capitaine de l'équipe de badminton connait trois mots de français, et me les répète dès qu'il me voit. La France est peut-être un peu aimée à l'étranger, qui sait ?

MAIS j'en arrive au point qui complique un peu ma vie ici. "What's your name again?" - Anne-Pauline. Et là ... L'incompréhension surgit dans le regard de mes interlocuteurs. Je ne sais pas comment, l'un d'entre eux à compris que je m'appelais Britain, il était très heureux, j'avais presque honte de lui dire que non, ça n'avait absolument rien à voir. Les plus forts le comprennent au bout de la troisième fois en général. Depuis, j'ai donc appris à épeler mon nom aussi vite que la musique, à expliquer que oui, je préfère Pauline tout court du coup, parce que Anne, écrit différemment ça veut aussi dire "donkey" en français. Seul mon professeur d'histoire de l'art sait apprécier mon prénom à sa juste valeur. "Anne-Pauline ? Lovely". Alors en me lissant les cheveux le soir, je m'entraine à dire mon prénom à l'anglaise. (Non, c'est une blague, mais quand même il faudrait que j'y arrive). Bref, merci maman, merci papa. ;)

Sur ce, j'ai aussi remarqué que beaucoup de maisons ici avaient des panneaux solaires sur leur toit. Coïncidence ? Je ne pense pas. Hier, je dois avouer que nous avons eu notre premier jour de pluie écossaise, mais le soleil brille très fort ce matin. 

Je n'ai toujours pas vu de moutons, ni mangé de haggis, mais jeudi prochain je vais faire un diner totalement écossais, grâce à l'association culinaire, cousine du Banquet. 



Keep calm and eat a cupcake. Cheers !

mercredi 12 septembre 2012

"Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague".

Quand on pense à l'Ecosse, c'est avant tout à ces grandes étendues verdoyantes et sans fin que nous pensons. Il est vrai que les écossais semblent très proches de leur nature et de leur terre, auxquelles ils tiennent autant qu'à leur drapeau !

C'est donc ainsi que j'ai pu découvrir qu'en effet, ici, il y a un très grand respect des animaux. Les lapins sautent un peu partout dans les allées de ma résidence (jusqu'ici c'est mignon), les canards sont les bienvenus à l'intérieur de la réception de mon hall (encore mignon), les chenilles vertes fluos et/ou poilues tentent désespérément de traverser les chemins (mignon ... de loin), les souris gambadent en pleine journée (de moins en moins mignon) ET, le grand final, les araignées semblent avoir élu domicile devant la fenêtre de ma chambre, qui restera donc fermée jusqu'à la fin de l'année. Vous voyez, je progresse, je suis de plus en plus en osmose avec la nature. Le Vietnam ce sera de la rigolade à côté de l'Ecosse. Hum.


                   





Pour mes amis Sciences Pistes, les inscriptions pédagogiques (IP pour les intimes) sont le moment décisifs de l'année, où tout se joue en un clic. C'est une question de nerfs, de sang-froid, de maitrise de soi. Les IP requièrent une concentration sans borne pour se précipiter sur les cours tant désirés mais tant sollicités. Et, en deux minutes, le semestre est joué. En deux minutes, vous pouvez suivre un cours sur la violence transnationale ou ... un cours sur le manga. J'attendais donc avec une certaine curiosité les inscriptions pédagogiques à la britannique. J'avais préalablement choisi mes cours en ligne, et tout devait être validé lors d'un petit rendez-vous à la rentrée. Mon "advising" avait donc lieu à 15h. Je me rends donc au "Gateway Building" à l'heure dite, un peu nerveuse, ne sachant pas très bien comment j'allais convaincre mon référent que j'adoooorerais vraiment vraiment étudier la sécurité internationale, le tout en anglais bien sûr ! C'est donc à ce moment précis que j'ai compris que nous étions une cinquantaine à avoir notre "advising" à 15h, et que j'allais avoir beaucoup de temps pour discuter avec mes voisins, avant de pouvoir valider mes cours. À 17h, je sors du Gateway Building. Soit 1h55 d'attente, 5 minutes d'advising. 
Alors oui Lauren, je sais déjà que tu vas me dire que c'est beaucoup plus facile ici qu'à Sciences Po, et tu as raison. Car certes l'attente était très très (très !) longue. Mais il est vrai que j'ai pu choisir mes cours et que je les ai obtenus sans aucun problème. Mes advisers étaient souriants et attentionnés, me lançant des "My dear" à chaque fin de phrases. Si l'administration lit ce blog ...

Mais mon dieu, il est déjà 18h17 ! Autant dire que tout le monde est en train de dîner, ici ou dans leur halls. A 20h, l'heure à laquelle je commencerai à songer à diner, les étudiants seront déjà à la soirée organisée par l'Union, BDE local. Car oui, ici, tout ferme à minuit, à part un club fantastique où je pense passer mon année, rien que pour le DJ gay habillé en SM portant des colliers de perles et des bottes cavalières. J'aime aussi ce pays pour son excentricité. 

Pour ceux qui s'inquièteraient pour mon éventuelle prise de poids: inquietez-vous, mais juste pour cette semaine. En période de Fresher's Week, il y a de la Free Food partout. C'est ainsi qu'hier, j'ai diné pour 1£, et que aujourd'hui j'ai déjeuné deux fois pour rien. Mais on marche tellement ici que finalement, tout s'élimine très vite. Et puis, maintenant que je vais jouer dans la première équipe de badminton de St Andrews ... (Voilà, c'est dit, c'était subtil non ?)

Et aussi, il fait beau. Très beau. Je sors en petit pull, et j'ai même chaud. A Paris je crois que ce n'est pas le top non ? ;) 

Et ça continue ! Cheers.





samedi 8 septembre 2012

"Partir, c'est mourir un peu".

C'est devant une porte d'embarquement que tout commence. 

L'Écosse. Depuis le 13 février, j'aime ce pays sans même le connaitre. Préparer sa troisième année à l'étranger, c'est se projeter sans cesse dans un environnement encore inconnu. C'est s'imaginer déjà arpentant des rues, organiser ses sorties, prendre contact avec ses futures colocs, tout ça à 1226km de distance. C'est donc ce que j'ai fait: je connais la liste des clichés que nous, chers français, avons sur l'Écosse. Je promets d'en vérifier le plus possible; je sais que Kate va avoir un bébé, enfin peut-être, on n'est pas sur, mais on l'attend; j'ai acheté des bottes de pluie; j'ai imaginé la déco de ma chambre, sans avoir aucune idée de la disposition de la pièce; j'ai défendu par monts et par vaux la météo écossaise; je me suis initiée à l'art du whisky, mais avec une très grande modération naturellement ...

Mais surtout, j'ai affronté la réaction des autres, une réaction où se mêle de nombreux sentiments facilement identifiables. "Tu pars en Ecosse ? (Premier degré: l'étonnement) Mais on t'a forcée ? (Second degré: la panique) Ah bon tu veux vraiment aller là-bas ? (Troisième degré: l'inquiétante incompréhension, qui signifie plutôt "Es-tu normalement constituée ?") J'espère que tu aimes la pluie, les moutons et les kilts (Dernier degré: la compassion, ou même parfois la pitié). Quoiqu'il en soit, on s'habitue très vite aux remarques comme "Mademoiselle, vous partez au Pôle Nord ? (Non, en Ecosse) Ahhh c'est pareil alors !" Les vendeurs de chez Comptoirs des Cotonniers sont décidément bien fermés d'esprit. 

À ceux-là s'ajoutent la liste des personnes assez admiratives, comprenant que ce qu'il y a de plus beau en Écosse, ce sont justement ces grands espaces vides, ce temps mitigé et ces kilts, preuves que la tradition peut avoir encore un sens, et qu'il n'y a rien de mauvais à la respecter. Ce sont ceux qui ont saisi la beauté du silence quand le métro parisien prend un peu trop de place dans nos vies. 



C'est donc devant une porte d'embarquement que tout commence.

Après avoir rempli ma valise de choses tout à fait utiles comme des pulls, des bottes de pluies, des robes de soirée, des escarpins, des raquettes de badminton, un anti-stress Guiness, quatre-vingt cinq photos développées, une carte postale des vaches limousines, un verre à shot communiste, un bracelet princesse ... 

Après avoir fait mon dernier repas correct jusqu'à ce qu'un matin je me réveille avec le don de la cuisine, dégusté mon dernier morceau de bon fromage bien français et avoir regardé pour la dernière fois TLMVPSP (pour les initiés) ...

Après une heure et demie de vol, c'est avec joie que je vois enfin la fin du voyage, m'imaginant déjà poser enfin cette valise et ce sac beaucoup trop lourds. Avec détermination, mes compères Sciences Pistes et moi nous avançons vers le bus tant attendu. Installés confortablement, le chauffeur fait gronder le moteur, le départ est imminent ...

Ce fut bref mais intense. Une marche arrière, cinq mètres parcourus, et nous voilà en panne, sur le parking de l'aéroport.

Après cinq heures d'attentes et de trajet, soit cinq fois plus que le temps habituel, me voici enfin à destination. Here I am. 

Grégoire, finalement cet article est un peu pour toi. J'espère vraiment que tu reconnaitras ici, et saura apprécier !, ma chance légendaire. Paris, outre-Manche, même combat. 


C'est parti. Cheers !